« Soi-même », œuvre collective et inclusive
Depuis plusieurs semaines, accompagnés par AADN – Arts et cultures numériques, des jeunes avec autisme accueillis au Sessad Les Passementiers à Villeurbanne construisent l’œuvre « Soi-même » pour la Fête des lumières 2022. Elle sera présentée du 8 au 11 décembre à la Fondation Bullukian, place Bellecour.
Villeurbanne, Sessad les Passementiers. Amina, Tristan et Mardoché participent à un atelier langage du corps piloté par Émilie Harache, chorégraphe. Dans la salle d’à côté, Kylian, Florian, Naël et Mathis planchent sur des images animées dans le cadre d’un atelier vidéo accompagnés par Pierre Amoudruz, artiste multimédia. Un Sessad, c’est un Service d’éducation spécialisée et de soins à domicile. Celui-ci dépend du Centre hospitalier Les Vinatier. Amina, Tristan, Mardoché, Florian, Naël et Mathis ont des troubles du spectre autistique (TSA). « Ces jeunes, comme tous ceux que nous accueillons au Sessad, sont scolarisés, en emploi ou en recherche d’emploi. Nous les accompagnons dans l’inclusion », expliquent Coline et Nathalie, éducatrices spécialisées.
Aujourd’hui, l’inclusion passe par leur participation à l’un des 30 projets de la Fête des lumières 2022. Intitulé « Soi-même », produit par AADN – Arts et cultures numériques, il illuminera la Fondation Bullukian, place Bellecour. Pour l'heure, les protagonistes sont à l'ouvrage...
Une création participative
Comme toujours, la séance « langage du corps » débute par l’échauffement. Anima et Mardoché s’y mettent tout de suite. Tristan fait un peu de résistance, il ne veut pas « danser ». Malgré sa réticence, Gaëlle, éducatrice, ne désarme pas : « Allez, tu as vraiment apprécié l’atelier la dernière fois ! » Ce n’est que lorsque la chorégraphe Émilie propose un travail à deux que Tristan cède. Pour la forme, il proteste encore un peu mais, en fin de compte, un large sourire fend son visage. Mardoché et Amina ne se sont pas laissé déconcentrer. « C’est une création participative, nous la construisons avec eux, en partant d’eux », précise Émilie. « C’est fou les progrès qu’ils ont faits aujourd’hui par rapport à la dernière fois. Le résultat final va être super », se réjouit-elle. Un résultat qui prendra la forme d’une vidéo projetée sur les murs de la Fondation Bullukian.
« Ça prouve que je sais animer »
La vidéo, les images animées, c’est ce sur quoi planche le groupe de garçons dans la salle d’à côté. Tout à leur tâche, Kylian, Florian, Naël et Mathis suivent les consignes et conseils de Pierre. « Ils travaillent sur des boucles d’animation. On essaie de les amener à exploiter leur imaginaire à travers le dessin. La base c’est comment ils se perçoivent vis-à-vis du monde extérieur, émotionnellement et visuellement », décrit l’artiste multimédia. « C’est bien ce qu’a fait Kylian, il y a du mouvement », apprécie Naël lorsque l’animation est présentée sur grand écran. « Ça prouve que je sais animer », sourit Kylian.
« Montrer qu’ils ont des compétences »
« C’est le sens de notre participation à la Fête des Lumières », soutient Michel Allouche, responsable du Sessad Les Passementiers. « Nous souhaitons que l’autisme ne soit plus stigmatisé socialement, montrer que ces jeunes ont des compétences. » Tout autant que sortir des préjugés : « Arrêter de les considérer soit comme des génies, soit comme des personnes sévèrement handicapées. » Avec un mot-clé, l’auto-détermination. « Nous accompagnons des jeunes de 15 à 25 ans et, dès l’âge de 18 ans, nous les laissons faire leurs propres choix comme tout un chacun. Nous tendons beaucoup vers le milieu ordinaire. »
Du 8 au 11 décembre, ce sera même l’« extraordinaire » car, cette fois, ce sont eux qui seront dans la lumière.