Malvolio le risible, ridicule et narcissique revient pour nous donner sa version des faits ; et à l’écouter, on rit encore mais on ne sait plus trop quoi penser. Au service de la comtesse Olivia, le mépris qu’il éprouve à l’égard de ses contemporains l’amène à censurer et à punir sans cesse, au point de devenir une cible à laquelle toutes sortes de mauvais tours sont joués…

Considéré comme l’un des artistes majeurs du théâtre anglais d’aujourd’hui, Tim Crouch ne cesse de perturber et de remettre en question l’expérience théâtrale dans ce qu’elle a de plus classique. Rien de surprenant donc à ce que Catherine Hargreaves se soit saisie de son texte Moi, Malvolio, inédit en France. Dans cette habile mise en scène pour un comédien, nous retrouvons François Herpeux, inoubliable Perceval dans Merlin, de Guillaume Bailliart, présenté la saison passée. Drôle et touchant souffre-douleur attitré, il nous rejoue une Nuit des rois chargée de pudibonderie, de burlesque et de dignité perdue. Rions de son étroitesse d’esprit qui nous semble étrangement familière. Sans rien perdre de la folie shakespearienne, avec Moi, Malvolio, c’est notre certitude et notre responsabilité de spectateur qui est ici ingénieusement questionnée…