Lettre pour Elena

Au bord d’une route de campagne, un matin d’été, trois jeunes filles en robes rouges fouillent une montagne de lettres déposées là, pour elles. Tout le monde leur a écrit, sauf Éléna, leur meilleure amie, la quatrième de la bande, qui reste muette. Il y a forcément une lettre d’elle, il faut la trouver.

Au fil de leurs recherches, elles nous livrent à petits pas les mots de tout un village : ceux d’un petit frère qui n’est pas encore né, d’un grand-papa déjà au ciel, les mots secrets qu’on aime lire et relire, les mots qui protestent, les mots qui explosent d’amour… Le spectacle s’ouvre sur une berceuse accompagnée de gestes, ceux de l’herbe qui pique, des pieds qui s’enfoncent dans la terre, du vent dans les cheveux, de la route. Les trois interprètes dansent, courent, virevoltent, s’amusent. « Je suis la plus forte, je suis la plus belle, je suis la plus drôle » lancent-elles comme trois mousquetaires, toujours prêtes à bondir, à parler ou à s’agacer.

Lettre pour Éléna se voit et s’entend comme un poème, mariage heureux du corps et de la parole dans un ballet qui évoque aussi bien la joie d’un jour d’été que l’incompréhension, le manque face à une amie absente. Difficile de ne pas sentir monter l’émotion tout au long du spectacle.