Côte Ouest

Du 19 Novembre au 21 Janvier 2022

Galerie Roger Tator

  • Exposition

Dans les œuvres présentées à la galerie Tator, Grégory Cuquel et Simon Rayssac ont choisi de figurer des objets qui fonctionnent comme des lieux à part entière : le lit pour le premier, et le cendrier pour le second.

Le cendrier pourrait être sur le lit, ou au pied du lit. Ou sur le rebord de la fenêtre. Quoi qu’il en soit, les deux objets sont complémentaires. Même si la cigarette et la décoration d’intérieur ne font plus bon ménage depuis quelques années déjà.

Mais justement, les lits de Grégory Cuquel ne semblent pas être des lits Ikea (et encore moins des lits Roche Bobois). Leur armature en fer indique plutôt de vieux lits à ressorts. Ils suggèrent un léger retrait dans le passé, comme si, pour évacuer le récit, l’artiste avait voulu se retrancher dans un pli du temps. Ou en dehors du temps et du récit, car pour parler au présent, pour aborder des sujets tels que l’amour, le sexe, les addictions, la solitude... il faut passer par un filtre. Nous avons tous un léger mouvement de recul quand il faut affronter frontalement ces choses, et être honnête avec soi-même. Mais ensuite, nous pouvons laisser affluer les souvenirs et les sensations.

C’est ce qui arrive quand la fumée s’élève dans la pièce, ou qu’on se réveille à côté de la personne qu’on aime. Ou quand on se réveille sans personne, et qu’on se demande où on est pendant quelques instants. Il nous faut un certain temps pour rejoindre le présent. Pour qu’une œuvre parvienne jusqu’à son spectateur, elle doit aussi traverser ce voile. Chez Grégory Cuquel, les pièces stagnent ensemble dans l’atelier, se salissent, se contaminent. Elles acquièrent une picturalité par cette espèce d’affinage de la dégradation. Chez Simon Rayssac, les peintures se répondent, se transforment, se remettent en question en permanence.

À lire aussi