Les arêtes de poisson sont un réseau de galeries creusées autour de l'an zéro de notre ère sous la colline de la Croix-Rousse. C'est l'un des secrets les mieux gardés de l'histoire lyonnaise, qui n'a aucun équivalent dans le monde antique. Qui les a creusées, et dans quel but ? Ces deux questions, restent sans réponse. Une chose est certaine, les arêtes de poisson font couler beaucoup d'encre ! Du souterrain ouvert sous la citadelle de Lyon lors de la Renaissance à la cachette secrète du trésor des Templiers du Moyen Âge, les théories fantaisistes sont nombreuses et alimentent une curiosité qui ne s'est jamais démentie depuis leur redécouverte dans les années 1950. Et si le mystère reste entier, c'est également parce que leur accès est condamné depuis la fin des années 1980. Mais grâce au premier budget participatif de la Ville de Lyon, cela pourrait bien changer ! 

L'idée d'une exposition proposée par un habitant a embarqué le service archéologique de la Ville de Lyon : à l'aide de toutes les données amassées sur ce tunnel unique en son genre, pourquoi ne pas en proposer une visite virtuelle ?

"En fait, deux programmes de recherche travaillent en collaboration sur le réseau depuis quelques années", dévoile Hervé Tronchère-Cottet, archéologue à la Ville de Lyon, qui travaille sur le sujet avec l'université Lyon 1, l'Insa, le CNRS et la direction des Affaires culturelles. "Ils ont permis de réaliser une acquisition numérique, c'est-à-dire une cartographie virtuelle qui permet d'avoir un modèle 3D du réseau. Mais ce sont des données âpres et complexes manipulées avant tout par des scientifiques. La prochaine étape est d’en faire un objet de médiation et de pédagogie !"

Comme si on y était ?

C'est précisément ce que le budget participatif sert à financer : un parcours riche et immersif, accessible sur internet depuis n'importe quel ordinateur ou smartphone, sur le site de la Ville de Lyon et réalisé par un prestataire privé. On pourra s'y plonger à partir de la fin de l'année 2024 et arpenter librement "4 ou 5 tronçons" de ces galeries millénaires, par simple pression du doigt ou de la souris, "d'abord à la façon d'un Google Earth, en visualisant l'ensemble du réseau, puis plus près, comme dans un jeu vidéo à la première personne... Sauf qu'ici, les visiteurs pourront découvrir des objets et des inscriptions de facture archéologiques et s'aventurer dans ce réseau qui fascine tant".

Côté références, le service archéologique s'inspire des visites virtuelles du musée de Versailles, du Notre-Dame de Paris, de la Citadelle de Besançon, ou même de la pyramide de Giza. Pour Hervé Tronchère-Cottet, c'est l'opportunité de présenter l'état actuel des recherches et de redonner un coup de projecteur sur ces galeries, en tant qu'objet patrimonial exceptionnel. "Et au passage, on remet un peu de science au milieu des théories folkloriques qu'on entend encore ici ou là", sourit-il. Et alors, en ce qui concerne le trésor des Templiers ? Hervé Tronchère-Cottet n'hésite pas à laisser parler sa franchise : il a des doutes.

Pour suivre l'avancée des réalisations du budget participatif, rendez-vous sur oye.participer.lyon.fr !